La vie devant nous

Faire un pas.

Pas trop politique, ou trop politique ?
Un peu quand même. Vu de loin. En essayant de prendre les éléments dont on dispose.
En premier il y a une entité assez abstraite, dans un ensemble plus grand, la France, l’état des français. Ayant une unité de lieu, de langue, de lois, d’histoire, et ayant une multiplicité d’opinions contradictoires, de visions, de conceptions de ce qu’il est possible de vivre et de faire, de produire, comme de règles de vie communes. Tout cela donnant lieu à des oppositions multiples et permanentes, puisqu’il est impossible que nous ayons les mêmes goûts, les mêmes désirs, les mêmes besoins, les mêmes dons. Se dessinent dans cette multiplicité deux grandes lignes opposées. Disons la gauche et la droite.
Je suis incapable de définir ou de penser ce que ces deux mots veulent dire de façon catégorique, ce que cela recouvre comme position, comme posture psychique, c’est à dire se sentir appartenir à un camp, déterminé et fixe, inébranlable.
Disons, comme celui qui aime le rock face à celui qui aime le baroque. Faut-il que ce que nous aimions nous fasse détester ceux qui aiment un autre répertoire ? Et partant de ces principes de base chaque côté impose ses modèles à l’ensemble ? Il est bien entendu que c’est ce qui se produit en réalité dans les prises de décisions, les actions et les obligations. Oppositions entre privé et public ; entre urbain et rural ; dominés et dominants ; travail et fortune, et même entre féminin et masculin.
On a vu que le règne d’un camp ou d’un autre n’a pas fondamentalement modifié le cours des choses, sauf de façon très minimale. Peut-être suffisamment pour expliquer les tensions au sein des deux parties gauches et droites, mais la seule chose qui est notablement modifiée ce sont ceux qui occupent les sièges, décident pour les autres et par conséquent en tirent des avantages dont ils font profiter ceux de leur camp, dans une ordre qui paraît inébranlable. ( le tableau d’ensemble n’est guère joli à voir, sous n’importe quel horizon, ou n’importe quelle époque )
Il est clair que ces luttes viennent des excès, des déséquilibres, et des injustices réelles ou apparentes que cela engendre. Que peut-on tirer de cela comme enseignement ? Et répondre aux inerties inévitables, aux résistances d’un bord à l’autre, d’une famille face aux autres familles. Ceci paraissant « normal ». On favorise ceux qu’on aime et qu’on connaît. On ne donne rien à l’inconnu, à celui qu’on ne peut aimer parce qu’on ne le connaît pas, et qui ne nous connaît pas et dont on ne sait pas qu’elles sont les intentions, les actions passées, les sentiments, bons ou mauvais.
C’est pour cela que se forment des clans. Mais rien n’oblige ces clans à l’hostilité, à la détestation des uns vis à vis des autres. Il suffirait que chacun poursuivre sa ligne de conduite et de philosophie. En gardant la distance qui les sépare.
Dans cette optique, il n’y a à proprement dit pas de division pas de déchirure au sein d’un ensemble, cet ensemble étant composé de deux parties fortes, et non plus d’une partie qui écrase et domine l’autre réduite à la portion congrue.
Contrairement à l’idée reçue, Il n’y a pas que le travail qui produit de la richesse, il y a aussi la vision, la lucidité, l’intelligence, la gestion ou le calcul, le savoir, la générosité. Tout pour produire quelle richesse, pour endiguer quelle pauvreté ?
Savoir aussi de quelle richesse nous avons besoin. Et besoin de servir. Allons nous donner au « pauvre » ? Dans ce cas nous perdons notre richesse et n’enrichissons pas le pauvre, qui ne saurait pas qu’en faire. Ce serait perdu pour tout le monde.
Vous voyez bien qu’il s’agit en premier lieu de cette notion de dons, de talents, de transmissions de lumières de l’un à l’autre, et pas seulement d’ objets venus du Cargo.

J’imagine ceci. Si tu sais peindre, tu ne dispenses pas ton talent à des élèves dont tu sais qu’il n’en sortira rien. Tu donnes à celui qui a déjà. Et qui va accroître la qualité.
Qualité qui profite en principe à l’ensemble. Qui fait une société en évolution positive. Plus réfléchie, meilleure dans ses œuvres, et dans ses relations. Moins asservie à ses bas instincts, ses violences viscérales, ses pulsions de révolte et ses envies de détruire, cette tentation négative de rejet des autres.
C’est pour cela que les deux parties opposées ont chacune le besoin d’être fortes en elles-mêmes, sans que cela nuise, sans chercher de façon systémique à puiser dans le négatif des ennemis leurs propres justifications, et leurs raisons.
Dans ce sens il n’y a plus d’ennemi à proprement dit, il y a deux adversaires qui effectuent leur jeu, savent ce qu’ils font, et disent. Les mots étant acteurs.

Division

Vision double, ou trouble ? Les choses marchent par deux. Deux qui s’opposent, se contredisent, doivent-ils nécessairement se maudire, et ne jamais trouver ces points qui les rassemblent ? Chaque côté rejetant l’autre, sous de bonnes raisons et des mauvaises blessures, comme ces dominations et ces soumissions engendrent des humanités débiles, des dictatures atroces. On en perd nos perspectives, on est paralysé ou révolté, la brutalité surgit, ou une déliquescence des mœurs, noyés dans des alcools frelatés, des désirs troubles. La violence du monde maquillé sous une fausse douceur perturbe les enfants. Les livrant à des esclavages certains, tout comme nous le fûmes en notre temps, avec ce qui créait les illusions de nos jeunes années. Chaînes dont nous voulions nous défaire. Mais nous retombions dans d’autres pièges.

Même en politique il est question de spiritualités. Cela ne peut pas être esquivé. Le sacré – ou ce qui se prétend tel – s’immisce partout. Et en dernier ressort veut régner sur tout. Évidemment derrière chacune des parties, il n’y a que de l’humain et ses erreurs, ses faiblesses et ses ignorances, ses projections qui faussent les jugements, et nous séparent. Au lieu de nous structurer autour des noyaux, ou du moyeu de la roue. Chaque homme ayant en principe son rayon, ce qui le relie au centre, sans ce besoin faux de vouloir occuper la place centrale, d’y imposer sa vision et faire taire les autres voix.
Dans cette optique tous les rayons convergent au centre et lui donnent raison, lui rendent sa raison perdue. La roue retrouve son équilibre.
On sait bien qu’il n’en est pas ainsi, que tout fonctionne à l’envers, que les gens subissent ce qui vient du pouvoir central hégémonique, tyrannie de l’argent et de la justice injuste, des fausses promesses. Partant de là, face à cette situation criante de faussetés, chacun se sent en droit, ou en capacité de revendiquer le pouvoir.

Mais de quel pouvoir peut-il s’agir ? Celui de la parole, probablement, puisqu’on l’a vu, cela fonctionne ou non à cause de ce qui est dit. Et cela répond à ce que chacun commet comme méfaits et bienfaits.

Discours.

Le discours est « magique ». Un homme parle, l’autre entend et agit selon ce qu’il entend. De là, les possibles manipulations verbales, et les conséquences d’une parole bonne ou mauvaise.
Sous cet angle de vue, toutes les paroles sont délicates, elles peuvent nous égarer ou au contraire nous donner les clefs de notre liberté. Ce n’est pas la liberté qui prime, c’est son aboutissement. Que vaut une liberté où nous perdons la vie ? La nôtre ou/et celle des autres.
La vérité ne se tient pas à droite ou à gauche, elle doit être simple et commune. On peut mesurer par tout ce qu’on constate à quel point la vérité est dévoyée de son sens. Ce qui fait que la terre dans son ensemble ne survivrait pas dans ces non-sens, dans ces spiritualités qui nous déchirent, et auxquelles les gens s’accrochent et s’écorchent. L’inverse est aussi radicalement vrai, on ne peut se tenir dans un monde sans spiritualité. j’ai failli écrire :  » Parce qu’on ne sait jamais », ce qui reprend le pari de Pascal.
C’est comme si nous avions perdu toute dimension divine en nous, pris dans un matérialisme, un existentialisme qu’on sait mortel, ou pris dans des spiritualismes lénifiants qui nous privent des bons fruits de cette existence, qu’ils soient de l’ordre des arts, des beautés, et des vies saines. Bref, de la vie devant nous.

Maintenant sait-on si la France est soluble dans le mondial et si les français ne perdront pas leur voix, dans cet engrenage mortifère ? C’est à chacun de voir en soi ce qui s’y passe.

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