Du doute et d’autre chose

Si

S’il n’y a nul Dieu, il ne reste rien du tout, qu’une puissance maléfique qui nous surplombe, incarnée par ceux qui se déchaînent dans leurs souffrances méchantes. À moins de prétendre qu’il n’y a aucun mal nulle part, qu’il n’y a que des séries d’événements plus ou moins douloureux et sans importance puisqu’ils disparaissent tous autant qu’ils sont, et que tout s’efface. Le meilleur comme le pire, réduits à néant. Cette souffrance présente irréductible mérite-t-elle la piqûre qui l’abrège ?
Même l’amour, même le bonheur peuvent avoir le goût amer et l’écœurement. Au même titre que nos redoutes, et cette chute sans fin.
Nul dieu, nul ange, que de la masse qui s’agite et s’épuise inutilement. Masses subjuguées par ces derniers malins entre les hommes, abusant de leurs malices et perversions, étonnantes révoltes face à cette condition absolument insatisfaisante.
Esprits voulant percer les causes de ces choses, en dominer les raisons, les volontés ou les orientations, les fatalités. Comme volonté de puissance sur le monde. À moins de nier que ceci existe, qu’il existe de gens qui veulent affirmer les pouvoirs secrets ultimes, percer les secrets du vivant et du mort, des désirs et des naissances, des apparitions de ces formes, c’est la moindre des choses. On a le droit. Il n’y a rien qui nous empêche de soulever tout ce qu’il y a derrière le voile, et disséquer le Corps. Et le posséder.
Il semble que quelque chose existe quand même dans ce néant permanent. C’est à dire ces collections de choses dénuées d’être, c’est à dire être autre chose que des choses vouées à disparaître.
Mais s’il y a de l’être ? Lui aussi se pourrait-il qu’il s’anéantisse ?
Ne me chantez pas la chanson de l’amour s’il ne mène à rien. Si ce ne sont que des flux d’hormones qui nous traversent et s’envolent, possessions passagères sous une voûte étoilée de bulles creuses. Si ces chants ne suscitent pas en nous une mémoire, un éveil, et une reconnaissance. Voix d’anges. Voix nous sublimant.

Nous

Et puis nous, dans ce chaos complet, nous reprenons pied petitement. Assaillis par le doute, sans aucun doute. Tremblant de perdre nos vies. Faisant le constat terrible des impuissances. Des faces négatives archi présentes parmi les objets abstraits. Maladies, angoisses, souillures, crimes, bêtises et ignorances, abrutissement et malheurs donc comme un état général du monde. Aucun doute du mal. Que des redoutables maux impossibles à résorber, ou à peine, et maux qui persistent et signent.
Alors, Dieu, vous pensez bien qu’en un sens, n’existe plus. Mais nous, nous existons. Tout comme nous existerons, en pouvant nous pencher sur nos passés, en rire ou en pleurer. Voyant ce Chemin.

Chemin de dieu ou du diable, demande à Méphistophélès, ou à Marguerite ? Songe que s’il n’y a pas de dieu, tu constates qu’il y a des diables d’hommes, dans une situation qui se détériore et nous afflige, apparemment insoluble et sans recours.
Tu n’en doutes pas. Étrange de ne pas douter des maux, et de douter de la médecine.

Ces univers seraient pure création sinistre.
Et souffrances s’achevant dans la tombe des univers effondrés.
Notre part d’ange n’aurait été qu’une pensée chimérique, un souffle de bises dans des tempêtes. Pas d’ange, forcément pas de démon non plus. Rien que des corps humains empreints d’animalité technique, qu’on reporte le plus loin possible dans la durée pour ne pas perdre les données inscrites dans les bobines – disques mous – emmêlées sans racines, ou dont les racines émergent de l’abîme, fortuitement, et y retournent tout aussi inutiles.
Le seul ange qu’on nous promet est celui de l’apocalypse. Le bourrage des crânes fonctionne à plein régime assisté de logique, lame du scalpel.

Rien n’est démontrable, la preuve.
Du silence, la ruse s’exprime douce.
Doux venins, douce absence.
Vivaldi et son violon,
la palette harmonieuse des tons sur la toile
cascades, feuilles, nuages, rayons de soleil
mains posées par où transitent les pensées
les âmes renaissantes.
Nous persévérons malgré ces défaites
à reconstituer nos ailes dans l’urgence.

Là, je ne vous dis pas, ce que Lui pense d’où il pense.
Le fou, la démence lourde de sens.

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