Un ange passe.

Si vous saviez
On ne remonte pas à la surface en une seule foi. De même que le doute a plusieurs degrés. Tout est hiérarchisé. Comme notre besoin de nourriture, variée, bonne ou mauvaise, adaptée. Du pain, des mots, des chants ou des nuages, des ouvrages scientifiques qui donnent à penser, sans se fermer sur des conclusions hâtives, des jeux, et cette mécanique des pouvoirs comme dans un cirque. Et ses horreurs commises. Le pire et le meilleur. Tout est interdit.
Stoppé. Le pire, l’enfer, est fermé, plus moyen d’y aller, et pour ceux qui seraient tentés de pousser les feux des souffrances, des vengeances, des tortures par hystérie ou folie, cela ne fonctionne plus. Les victimes sont consolées. Cela peut sembler lâche de laisser faire les violents sachant que les doux auront leur consolation. Comment donc s’opposer aux violents sinon simplement protéger les doux, qu’ils trouvent un refuge face aux déchaînements. Et prendre sur soi, ce qu’on peut supporter, c’est à dire que nous sommes comme ces boucs émissaires, mais n’en tirons nulle gloire, nul pouvoir ni récompense. Nulle position supérieure.
Au fond, c’est plus simple qu’on croit : je ne suis pas innocent, j’ignorais mon mal, ce faisant je faisais mal, à moi aussi, tout en le refusant et en cherchant une issue qui tenait la route. Par chance ou par miracle, cela se présenta. L’univers, la totalité, les temps prirent un autre visage, avec des hauts, des bas, des nuits profondes, des tornades, des orages et des repos. Partant de là, je pouvais supporter un peu celui qui faisait aussi mal. Sans besoin de lui renvoyer en pleine face ses méchancetés.
C’est un raccourci pour dire qu’on peut tendre vers le meilleur.
Si le bas est fermé, le haut l’est aussi. Mais pas de la même façon. Il est fermé si nous venons avec nos maux. Tout simplement nous ne supporterions pas ce paradis, ce serait un enfer pour nous, sans préparation, sans initiation, on ne remonte pas à la surface sans guide en somme. Guide discret, presque effacé et qui te lâche la main dès lors que tu peux voler de tes ailes.
Être vivant, c’est connaître à la fois le pire et le meilleur. Dans un assemblage qui n’est plus douteux du tout, même si Tout est redoutable, d’effroi. Eh !
Voilà, on ne doute plus de cette totalité vivante. Et nos raisons s’étayent comme des charpentes et des structures fortes. Les temps, les sciences, les génies, les artisans, cela nous nourrit, nous élève. Parce qu’on lutte, contre son démon.
*

Me demandez-vous, le démon de qui ?
Le démon des mondes…
des mers démontées
des montres et des monstres

*

Donc tu gardes ton dieu qui te garde.
Tu continues d’exister, tu restes éveillé parce que tout n’est pas accompli. Il y a ceux qui tiennent à toi, auxquels tu tiens et te font vivre. Ainsi vivant, tu les fais vivre.
La vie précieuse étant ici. Même si le destin nous appelle ailleurs. Cet ailleurs se révèle au cours de cette existence. De plus en plus, de mieux en mieux, en fonction du vécu ici, de ce qu’on accomplit en nous et autour de nous. Cela s’ouvre en fonction de nos actes. Se ferme dans le cas des actes négatifs.
S’il n’y a nul Dieu, si nous n’avions rien de divin en nous, si nous n’étions rien qu’humain, notre mort ne serait rien.
Dieu ne perd pas ses enfants. Ses enfants ne se perdent pas. Ils retrouvent le royaume.
Dans les faits ceci n’est pas accompli, il y a beaucoup de perditions. Beaucoup de malheurs. Des ruptures tragiques.
*
Au Lieu de Dieu, des anges cela peut mieux vous parler.
Dimension angélique incluse, éclosant ou avortant.
Corps vivant dans notre corps. Corps spirituel comme double de ce corps ci.
Nous voilà ranimé ou nous voilà mort. La mort est triste, la vie est joyeuse. La mort est laide, c’est une peine pesante et angoissante. La vie, au contraire, est belle, c’est la grâce, la légèreté. La beauté remplie de lumières. Aussi bien en soi qu’en tout autre. Cela implique que la beauté vivante est salvatrice de soi et des autres, c’est un ensemble. Dans un même mouvement. Une harmonie retrouvée, tout comme nous retrouvons la conscience du temps lié à l’espace. Ce n’est plus clos, limité. Nous n’avons rien transgressé, nous franchissons toute limite. Nous laissons derrière nous nos souffrances. Nous nous rendons au lieu des vivants.

Si nous ne pouvons le percevoir aujourd’hui, à chaque jour qui passe, à chaque instant, c’est parce que nous n’y sommes pas encore, retenus par notre passé, ne sachant pas trop comment nous allons nous en délivrer. En persistant dans nos erreurs, en refusant d’aimer et d’être aimé par ceux que tu n’aimes pas. Bref, s’enfoncer dans une sorte de nihilisme destructeur, sans issue.
Pourtant nous avions des recommandations simples à rendre effectives. Telles que nous pouvions à partir de ça, être autorisé ou interdit de rien. Puisque dans la conscience éveillée il ne saurait être question de faire mal. Ou de se voiler la face avec hypocrisie, faire semblant du bien en commettant des crimes, des vols organisés, des servitudes atroces, ou des adorations de soi.
La vérité nous piège. Nous oblige et nous avale. Ou nous rejette si nous ne rentrons pas en elle, en son réel exigeant. Si nous sommes vrais, nous faisons vivre la vérité. Conjointement à la vie qui y est incluse.
Il est possible alors que ce démon – nié, pas cru – s’efface et laisse la place à un ange.
Un ange passe.

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