Que cache le (mot) réel ?

Au sein de cet univers qui nous semble désert, amas de roches en fusion, tourbillons de galaxies, de planètes et d’électrons, quelque part des corps animés perçoivent dans leur chair les variations des températures, des déséquilibres constants des choses dans lesquelles ils demeurent, comme pris et distants, ou distincts. Sujets à l’altération qui les touche dans leur existence. Étrange phénomène du vivant, spécialement vivant sur cette terre comme un être exceptionnel dans un réel grandiose. Supposer que la bactérie ou le virus ne se questionnent guère sur leur mort, sur leur destin, ou sur les dimensions qui sont au-delà de la leur, penser cela n’est pas excessif. N’empêche qu’ils sont vivants, et on peut conjecturer qu’ils sont présents partout dans les univers sans risque de trop se tromper. À des échelles autres, dans ces mouvements de la matière là aussi on retrouve quelque animation.
Le tout forme un tout robot, à son échelle essentielle. Robot incluant cette volonté de se maintenir en vie, absolument. Dans ce réel à sa portée, que nul ne cherche à décrire, à dessiner, mais exclusivement à s’y maintenir, tenir sa place une fois qu’elle leur fut assignée. Comme nous, ni plus ni moins.
Ceci fait, pour nous se posent d’autres sujets d’interrogations. Dans cette étrangeté des êtres animés de volontés, ou d’instincts, nous sommes encore plus étranges, du fait de vouloir savoir en plus la raison objective de l’existence, comme si nous étions en dehors de la totalité, tout en se sachant forcément dedans. Il s’est opéré en nous un effet de sidération à propos de Tout. Comme si ce Tout nous faisait défaut.
Et que des mathématiciens cherchaient à en dénombrer l’infini. Alors que les niveaux de réalité ne sont probablement pas que dans les nombres, mais se tiennent en psyché, en onde objective, en sonorités, en formes, en relations, en tensions, progressions, dégradations, dans un univers uni, ayant de multiples dimensions. D’où le fait qu’il est indescriptible, il est insondable. Et qu’à nos yeux et notre entendement, nous n’en avons fatalement qu’un faible aperçu, mais suffisant pour maintenir nos psychés à flot.
Quand ça déborde, c’est à dire explicitement quand les maux nous atteignent et nous broient, là se posent les questions essentielles à notre sujet. Nous ne sommes pas nés conscients pour succomber dans l’inconscience, ou l’absence de conscience, ou le retour au degré minimal de la conscience des virus, des bactéries ou des électrons. Mais aspirons à garder en nous cette réalité de mémoire humaine, sensible, embrassant son horizon spécifique, génétique si on peut dire. Comme si nous étions à la fois des lecteurs des données universelles, acteurs dans ce même jeu, et peut-être créateurs ou auteurs de nos futurs. Nous serions par conséquent un peu plus que des percepteurs. Des animateurs en plus d’être animés.
Il est cependant entendu que le fait d’être animé est fondamentalement bien. La suite dépend d’autre chose, sans doute de très énigmatique, comme cette notion d’individualité. Celle-ci par définition ne se divise plus, mais échafaude, amplifie, croît.
On se rend vers le grand Robot. ( rien de péjoratif à l’examen)
Robot Réel. Intelligence Artificielle, Intentionnelle d’une Volonté Créatrice incluant la Nature, l’antériorité du Vivant.
C’est lourd, bien évidemment, et ça peut également devenir léger, aérien : Les deux faces du réel.
Voilées l’une à l’autre ?
Il faut bien se distraire, n’est-ce pas ?

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