Le fils

Si vous voulez vous opposer aux fascismes, il faudra alors vous opposer au monde. Pour s’opposer au monde, il faut voir ce qui le guide et l’égare. Pour voir ce qui le trompe, il faut savoir où se trouvent les vérités sans erreurs. Pour reconnaître ces vérités il faut laisser de côté les préjugés, les jugements hâtifs, et voir ce qui se produit en soi, dans les profondeurs de nos rejets, de nos hantises et de nos approximations, de même que nos actes et de nos choix. Il faut donc que nous soyons capables de nous juger nous-mêmes sur ce que nous faisons dans le monde, ce que nous pensons du monde et ce que nous disons. Sur quelles vérités exprimées nous nous appuyons.

À partir de là, nous butons sur le mur de nos ignorances, d’où nous avons faits nos choix. Ceux-ci peuvent être à la fois bons et mauvais. Ils peuvent dans ces conditions nous entraîner sur une pente mauvaise sans que nous le sachions. Nous nous en rendrons compte a posteriori. De même que nos choix positifs nous élèvent et nous le réalisons après coup.

Si nous voulons que les choses soient meilleures il nous faut savoir d’où vient le meilleur. Il nous faut obligatoirement l’entendre et lui obéir, il ne peut s’agir que du même en nous, qui est plus grand que nous, qui nous fait grandir.

Se constitue alors une chaîne humaine qui peu à peu se délivre, parce qu’elle sert des intérêts communs. Contre laquelle les intérêts des particuliers ont de moins en moins de pouvoirs. Ne pouvant plus nous détruire. Dans ce sens là nous vivrons. Nous verrons. Nous saurons que les maux sont derrière nous, et non devant nous. La méchanceté n’a plus de prise sur nous. Nous ne faisons plus mal. Les outils deviennent utiles, nous devenons utiles aux autres. Nous mourrons, mais la mort n’aura plus le même sens. De même que la Vie. C’est comme si la vie était revenue. Comme si les fils qui nous nouaient dans le mal se dénouaient. Et que nous ne les avions pas coupés, parce que coupés nous aurions perdu la vie, et celle-ci nous aurait perdu. Tout ce par quoi nous sommes passés ne sera pas perdu, mais ne se reproduira pas. Dans ce cas le futur s’ouvre en douceur, paisiblement.

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